fusion et reduction des couts : réalités ou illusions
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Jean Michel GayL’article de la lettre A, publié le 30/08/2018, et les différents articles parus dans la revue professionnelle « Upstream » méritent de s’interroger sur un problème de fond et de ne pas limiter notre analyse aux péripéties juridiques évoquées dans ces articles.
Rappelons les faits.
TechnipFMC a répondu à un appel d’offre lancé par ONGC (Oil & Natural Gas Corporation) pour certains « packages » du projet KGD2.
L’offre commerciale la plus compétitive a été soumise par le groupement formé de Mac Dermott, Baker Hugues (filiale de General Electric) et Larsen and Toubro (L&T). Le prix de cette offre était de $1.6944 milliards. TechnipFMC a soumis une offre au prix de $1.7096 milliards. Les deux offres sont donc très proches puisque l’écart entre les deux compétiteurs est de moins de 1%.
A ce stade quelques réflexions s’imposent :
1. Il est surprenant que l’écart de prix soit aussi minime, sachant qu’un argument majeur en faveur de la fusion était la perspective de réduire les couts de ce type de projets de l’ordre de 20% à 30%. Le résultat de cet appel d’offre montre que la réalité est bien différente. L’offre de TechnipFMC ne fait apparaitre n’apporte aucun avantage de prix par rapport au niveau de prix offert par un groupement de type « consortium ». Pourquoi ? Rappelons que le prix d’une offre de type consortium est chère structurellement. En effet une telle offre, outre le prix de la part propre de chacun des membres du consortium, inclut une part commune en générale non négligeable.
2. ONGC a eu raison de mettre en concurrence des entreprises. Il a ainsi obtenu le meilleur prix de marché et le confort de l’offre du second soumissionnaire qui est très proche de l’offre la plus compétitive.
3. ONGC a eu raison de suivre une approche classique d’exécution de projet d’exploration / production à savoir : développement d’un FEED, définition de lots, sollicitation d’offres compétitives auprès des sociétés préqualifiées, puis regroupement des lots en dernier ressort en fonction des prix et enfin adjudication au mieux disant.
4. Il semble que TechnipFMC a soumis une offre en Inde à une société contrôlée par l’état sans avoir sécurisé aucun accord de groupement avec un partenaire Indien puissant politiquement et commercialement. Pourquoi?
Ainsi un test grandeur nature démontre que face à la compétition, qui plus est face à un groupement de type consortium donc structurellement cher, l’entité née de la fusion n’est pas plus compétitive que la concurrence. Ou sont les 20% voire 30% d'économie sur les couts annoncés lors de la campagne de communication faite en vue de promouvoir les avantages de la fusion ?
Ensuite, les « International Oil Contractors » qui n'étaient pas convaincus de l’approche intégrée tant vantée par le CEO de TechnipFMC sortent confortés et renforcés dans le bienfondé de leur stratégie de "parcelling" et de "competitive bidding". -
Quand on connaît le niveau de prix d'un concurrent (1.71) c'est plus facile de faire de l" 'underbidding" en se plaçant juste en dessous (1.69). C'est une méthode quasi acceptable aux USA mais qui peut-être dangereuse quand même. A suivre..
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